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  • mai 28, 2019
  • Category: La résistance antifongique

La résistance antifongique dans le concept « Une seule santé »


Comme les champignons sont des agents biologiques qui se rencontrent typiquement dans l’environnement et qui peuvent avoir un impact sur la santé de l’homme comme sur celle de l’animal, cette thématique par excellence exige une approche dans l’esprit d’« Une seule santé ». Bien qu’on connaisse principalement la résistance des bactéries, la vigilance est également de mise par rapport à l’apparition de résistance chez les champignons.

L’augmentation de l’usage des substances antifongiques contre les mycoses a conduit ces dernières décennies à une progression de la résistance. En outre, certains signes indiquent que la résistance se développe également dans l’environnement. La résistance chez Aspergillus fumigatus, un champignon saprophyte, en est un exemple. Il se rencontre principalement dans le sol, sur des matières organiques mortes. Ce champignon filamenteux peut infecter des hôtes vivants (affaiblis), aussi bien des hommes que des animaux, et provoquer toute une série de syndromes, comme l’aspergillose invasive chronique et aiguë, des réactions allergiques et l’aspergillome. Le traitement de ces affections se fait de manière standard avec des antifongiques azolés (itraconazole, voriconazole of posaconazole). On a toutefois récemment isolé chez des patients des échantillons cliniques montrant une résistance à ces médicaments antifongiques spécifiques ; cette résistance pourrait être due à l’usage prolongé de ces substances. La majorité de ces patients n’avaient pourtant pas été exposés auparavant à des antifongiques azolés, ce qui révèle un autre aspect du problème. Les infections par A. fumigatus n’étant pas contagieuses et ne pouvant pas se propager, l’origine de la résistance doit être cherchée ailleurs. L’environnement a été analysé et on y a trouvé la présence de souches d’A. fumigatus résistantes aux antifongiques azolés. Une étude comparative des souches résistantes présentes dans l’environnement et chez les patients a révélé la présence d’une mutation du gène Cyp51A identique dans les deux types de souches (TR/L98H). L’utilisation de fongicides en agriculture, sous la forme de fongicides azolés, qui sont similaires point de vue structure moléculaire aux médicaments triazolés, peut fournir une explication logique à ce phénomène. Ces souches spécifiques avec la mutation TR/L98H ayant déjà été rencontrées dans des souches cliniques en Chine, en Inde et dans plusieurs pays européens, il est primordial de surveiller leur propagation chez l’homme, l’animal et l’environnement (concept « One Health » - « Une seule santé »). Les données relatives à leur distribution et à l’apparition de nouveaux mécanismes de résistance sont indispensables pour aborder le problème et pouvoir prendre les mesures nécessaires dans les secteurs concernés. 

Source :

Ir Ann Packeu, PhD

Head of the Medical Mycology program

Service Mycology & Aerobiology

Sciensano

www.sciensano.be