Porcs

Le Baromètre publie également les résultats d’utilisation des antibiotiques dans le cadre des trajets de réduction (valeurs limite pour le nombre de jours de traitement sur 100 (le BD₁₀₀) fixées au niveau de l’exploitation) pour les secteurs des porcs, des poulets de chair et des veaux de boucherie. 

Avec la publication le 31 juillet 2023 de l’arrêté royal modifiant l'arrêté royal du 21 juillet 2016 relatif aux conditions d'utilisation des médicaments par les médecins vétérinaires et par les responsables des animaux, la collecte obligatoire des données dans Sanitel-Med est étendue depuis le 10 août 2023 à des animaux producteurs de denrées alimentaires supplémentaires, à savoir tous les bovins et toutes les catégories de volailles des espèces poulet et dinde. Pour se conformer aux dispositions du règlement européen 2019/6, qui règle la collecte des données et le rapportage relatifs à la vente et à l’usage d’antibiotiques chez les animaux, la collecte des données d’utilisation sera progressivement élargie à tous les autres animaux producteurs de denrées alimentaires, aux chevaux et aux animaux de compagnie.

C’est uniquement chez les porcs qu’on peut observer dans ce Baromètre une nette baisse du nombre total de tonnes d’antibiotiques utilisés par rapport au trimestre précédent (- 1,3 tonne). Chez les veaux de boucherie, l’utilisation totale a légèrement baissé (- 0,1 tonne) et chez la volaille, plus spécifiquement chez les poulets de chair, on observe une hausse, il est vrai légère, mais qui perdure (+ 0,2 tonnes).  La hausse de l’utilisation chez la volaille se poursuit maintenant depuis plus d’un an.

Le Baromètre montre en outre, pour le cinquième trimestre consécutif, une augmentation du nombre de kilos de (fluoro)quinolones utilisés pour la volaille (spécifiquement les poulets de chair) et les veaux de boucherie. En un an, l’utilisation de (fluoro)quinolones a presque doublé chez les poulets de chair (passant de 358,4 kg à 690,5 kg) et plus que doublé chez les veaux de boucherie (28,3 kg à 65,7 kg). Ces résultats sont très inquiétants et nécessitent une action urgente et efficace.

Dans le secteur porcin, les résultats positifs se poursuivent : on n’enregistre toujours aucune utilisation de céphalosporines de 3^e et 4^e générations ni de (fluoro)quinolones. Ces résultats mènent à la conclusion que la masse de céphalosporines de 3^e et 4^e générations vendue en 2022 (125 kg) a été utilisée pour des espèces animales pour lesquelles il n’existait pas encore d’obligation d’enregistrement dans Sanitel-Med (par exemple pour certains bovins, les chiens et chats, les chevaux, …). L’utilisation de colistine continue à diminuer chez les porcs et les veaux de boucherie.

Les figures relatives aux objectifs spécifiques aux secteurs montrent également de bons résultats, à l’exception, encore, du secteur avicole. Pour la première fois depuis plus d’un an, les différentes catégories de porcs montrent une stabilisation de leur BD₁₀₀ par rapport au trimestre précédent. Chez les veaux de boucherie, la baisse continue. On a assisté dans le secteur des poulets de chair à une augmentation du BD₁₀₀ dans l'ensemble de la population de référence durant un an. Mais lors du dernier trimestre, cette hausse s’est pour la première fois stabilisée, sauf pour 10 % des gros utilisateurs. Chez les poules pondeuses également, on observe une augmentation du BD₁₀₀ moyen par rapport au trimestre précédent, excepté chez les gros utilisateurs (dépassant la valeur d’action) qui enregistrent une légère baisse.

Ce Baromètre présente aussi des figures illustrant la répartition de la masse totale des antibiotiques utilisés en fonction de la couleur des résultats de benchmarking pour les trois espèces animales. Par exemple, on voit que 15,3 tonnes de tous les antibiotiques utilisés chez les porcs (55,8 tonnes) sont situées en zone de couleur rouge (elles représentent la somme du nombre de tonnes utilisées dans l’ensemble des exploitations qui comptent une catégorie animale en rouge, pour ces catégories animales en rouge). Pour les veaux de boucherie également, l'utilisation d'antibiotiques dans les exploitations rouges pèse très lourd (2,0 tonnes) par rapport à l'utilisation totale dans l'ensemble du secteur (12,2 tonnes). Cela souligne l'importance d'un suivi et d'un accompagnement stricts des élevages en zone rouge afin de réduire l'utilisation globale dans le secteur. La dernière figure montre le nombre total de tonnes d’antibiotiques réparties par couleur des résultats de benchmarking des différentes catégories animales. Pour les porcs par exemple, cette figure montre qu’environ 6,3 tonnes d’antibiotiques, soit 28 % du nombre total de tonnes utilisées chez les porcelets sevrés, se trouvent dans la zone de couleur rouge. Cette information apporte un complément intéressant à la figure illustrant le pourcentage d’exploitations par catégorie animale en zones verte, jaune et rouge. Il y a par exemple seulement 6,2 % d’exploitations élevant des porcelets sevrés qui sont en zone rouge. En d’autres mots, ces exploitations sont responsables de manière disproportionnée de l'utilisation d’antibiotiques dans cette catégorie animale.

Le Baromètre montre chaque trimestre la quantité totale, enregistrée dans Sanitel-Med, de tonnes d’antibiotiques utilisés en un an par espèce animale, en avançant à chaque publication d’un trimestre. Outre l'utilisation totale, trois familles d'antimicrobiens jouant un rôle important en médecines humaine et vétérinaire sont également mises en évidence, à savoir les polymyxines (colistine) et les familles ayant un code couleur d’AMCRA rouge, à savoir les (fluoro)quinolones et les céphalosporines de 3^e et 4^e génération. Pour donner une idée de la part couverte par SANITEL-MED de l'utilisation totale des AB à usage vétérinaire, chaque figure mentionne à titre indicatif le nombre de tonnes ou de kg vendus en Belgique en 2022 selon les données de BelVet-Sac. Ces chiffres de synthèse ne sont pas normalisés (biomasse). Les chiffres du Baromètre sont des chiffres absolus (tonnes, kg). Comme la biomasse de chaque espèce animale augmente ou diminue de quelques pourcents chaque année, ces chiffres ne peuvent pas servir de référence pour l’utilisation des antibiotiques chez les espèces animales. L’évolution de quelques percentiles est par ailleurs présentée pour chaque espèce et catégorie animales, ce qui décrit la distribution du BD₁₀₀ dans les exploitations des groupes de référence du benchmarking. Enfin, le pourcentage des exploitations par zone de couleur est présenté.