Usage des antibiotiques
Le premier antibiotique, la pénicilline, a été découvert en 1928 par Alexander Fleming. Mais ce n’est que quelques décennies plus tard que son utilisation sur l’homme a été rapportée.Les antibiotiques sont utilisés dans le traitement des maladies infectieuses chez l’homme et chez l’animal.
Il existe plusieurs modes d’administration :
- Curatif : l’usage d’un antibiotique sur un animal qui souffre d’une maladie bactérienne.
- Métaphylactique : le traitement du reste du groupe de l’animal infecté par la maladie bactérienne, lorsque ces animaux risquent à leur tour d’être infectés.
- Prophylactique(= préventif) : l’administration d’antibiotiques avant que les animaux ne soien t infectés ou ne risquent de l'être ; le traitement structuré et récurrent d’un groupe d’animaux.
La Loi sur l’exercice de la médecine vétérinaire (chapitre 3) indique que seul le docteur en médecine vétérinaire peut établir un diagnostic, initier un traitement et prescrire des médicaments. Il a pour ce faire bénéficié de la formation requise et possède les connaissances adéquates pour réaliser cela de manière optimale.
Problématique– One Health
Globalement, il est admis que tout usage d’antibiotiques conduit à des résistances.
L’usage d’antibiotiques chez l’homme et l’animal génère donc avant tout une charge de sélection sur les bactéries résistantes. Par transmission, ces résistances peuvent s’échanger entre l’homme et l’animal.
Usage durable des antibiotiques
Une forte réduction de la consommation d’antibiotiques dans les élevages aux Pays-Bas s’est déjà traduite par une diminution de l’apparition des antibiorésistances (MARAN, 2016). En Belgique aussi, une baisse significative de l’apparition d’antibiorésistances est observée pour la bactérie indicatrice Escherichia coli parmi les animaux producteurs de denrées alimentaires.
Une baisse de la consommation d’antibiotiques signifie que les traitements de groupe doivent être une exception et qu’il faut agir essentiellement sur la prévention des maladies, à travers la biosécurité, la vaccination, etc. (voir les guides « Santé des exploitations et stratégies de vaccination ». Une réduction de la consommation d’antibiotiques passe avant tout par un bon usage des antibiotiques.AMCRA a rédigé un vadémécum, qui se veut un outil et un soutien pour le vétérinaire praticien, lors de la prescription, la délivrance ou l’administration rationnelle et sélective des antibiotiques.
Les antibiotiques sont utilisés uniquement en cas de nécessité, après diagnostic par un vétérinaire, confirmé de préférence par un examen complémentaire (examen bactériologique ou détermination de la susceptibilité). Il faut faire un usage prudent des antibiotiques à large spectre d’action et les substances les plus puissantes ne seront qu'utilisées qu’en dernier recours.Le diagnostic servant à identifier le pathogène initial est complété par un test de susceptibilité afin de vérifier l'efficacité de l’antibiotique envers le pathogène isolé sur le terrain et il est imposé par la loi pour l’usage des antibiotiques d’importance critique (céphalosporines et fluoroquinolones de 3e/4e génération) parmi les animaux producteurs de denrées alimentaires (sauf pour les chevaux et le traitement de la mastite).
Belgique
Depuis 2007, la vente d’antibiotiques vétérinaires en Belgique est suivie dans les rapports BelVet-SAC. La quantité, c'est-à-dire le total pour toutes les espèces animales en Belgique, est exprimée en mg de substances actives par kg de biomasse. Depuis 2017, la quantité des antibiotiques prescrits, fournis et administrés par le vétérinaire dans les exploitations de porcs, volaille et veaux de boucherie est également enregistrée dans le système national de collecte de données Sanitel-Med. Le degré d’utilisation d’antibiotiques par un éleveur est exprimée par l’indice BD100.
Ce sont ces données qui sont utilisées pour le suivi des objectifs d’usage des antibiotiques vétérinaires en Belgique, décrits dans les plans Vision 2020, Vision 2024 et Vision 2030.
L’apparition de résistances parmi les bactéries issues d’animaux producteurs de denrées alimentaires est également suivie de manière structurelle. Depuis 2011, un monitoring national est effectué, pour le compte de l’AFSCA, sur des animaux vivants (CODA-CERVA) et sur des viandes et des carcasses (WIV-ISP), afin d’évaluer la susceptibilité des germes indicateurs et zoonotiques isolés auprès de différentes espèces animales.
Les résistances des bactéries issues d’animaux cliniquement malades sont mesurées par les centres sanitaires DGZ et ARSIA, qui consignent chaque année les résultats dans leurs rapports.
Données d'usage et d'antibiorésistance en Belgique
Des animaux sains vivants dans les abattoirs
Des animaux malades
Viandes et carcasses
2024
- Publication de l’Arrêté royal du 29 Mai 2024 modifiant l’arrêté royal du 21 Juillet 2016 relatif aux conditions d’utilisation des médicaments par les médecins vétérinaires et par les responsables des animaux
- Au 01.09.2024 : l’obligation pour le vétérinaire de justifier la prescription d’antibiotique critique au moyen d’un antibiogramme est élargie à tous les animaux, y compris pour les animaux de compagnie et les chevaux
- Publication de la Vision 2030 avec 5 objectifs de réduction et 9 points d’action
2023
- Publication de l’Arrêté royal du 21 Juillet 2023 modifiant l’arrêté royal du 21 Juillet 2016 relatif aux conditions d'utilisation des médicaments par les médecins vétérinaires et par les responsables des animaux
- Début de l’enregistrement dans Sanitel-Med des antibiotiques prescrits, fournis et administrés pour tous les bovins et toutes les catégories de volailles (poulet & dinde).
- Activités et réalisations relatives à la réduction de l’utilisation d’antibiotiques et de l’antibiorésistance chez les animaux en Belgique en 2023
2021
- Signature de la deuxième convention antibiotiques entre les autorités et les secteurs
- Lancement du Plan d’action "One Health" de lutte contre la résistance aux antibiotiques
- Etablissement du trajet de réduction et des valeurs limite pour les veaux de boucherie, les poulets de chairs et les porcs
- Activités et réalisations relatives à la réduction de l’utilisation d’antibiotiques et de l’antibiorésistance chez les animaux en Belgique en 2021
2018
- Début de la collecte des données pour les exploitations laitières qui ont adhéré au cahier des charges IKM-QFL-QMK dans le système de collecte de données BIGAME (pour QFL-QMK) et Registre AB (pour IKM).
- Activités et réalisations relatives à la réduction de l’utilisation d’antibiotiques et de l’antibiorésistancechez les animaux en Belgique en 2018
2017
- Collecte des données obligatoire via le système national Sanitel-MED, pour la collecte des donnée d’usage des antibiotiques chez les porcs, les poules pondeuses, les poulets de chair et des veaux de boucherie au niveau des élevages individuels à partir du 27 février 2017.
- Début de la collecte des données par BVK pour le secteur des veaux de boucherie.
- Activités et réalisations relatives à la réduction de l’utilisation d’antibiotiques et de l’antibiorésistancechez les animaux en Belgique en 2017
2016
- Publication de l’Arrêté royal du 21 juillet 2016 relatif aux conditions d’usage des antibiotiques d’importance critique
- Signature de la première convention antibiotiques entre les autorités et les secteurs
- Analyse des données et quantification de l’usage des antibiotiques par l’unité scientifique AMCRA, pour le compte de Sanitel-MED
- Lancement de Bigame pour la collecte des données d’usage des antibiotiques du bétail laitier et de boucherie en Wallonie
2014
- Développement du vadémécum pour les chiens, les chats et les chevaux. L’application des conditions associées aux codes de couleur AMCRA est également recommandée pour l’usage des antibiotiques chez le chien, le chat et le cheval. Par indication, une classification est établie en produits de premier, deuxième et troisième choix, que peut utiliser le vétérinaire comme fil conducteur.
- Développement et lancement du Registre AB par l’asbl Belpork, pour la collecte des données d’usage des antibiotiques au niveau des élevages de porcs individuels affiliés au système de qualité Certus.
- Création de l’unité scientifique AMCRA pour l’analyse des données et la quantification de l’usage des antibiotiques au niveau des élevages de porcs, pour le compte de l’asbl Belpork.
2013
2012
2011
2010
2007-2009
1999
Europe
Ce plan a été mis sur pied en raison de la nécessité de lutter contre l’antibiorésistance dans tous les États membres européens. Des actions et un soutien de la part de l’UE doivent mener à une lutte conjointe dans tous les États membres. L’objectif est d'empêcher le développement et la diffusion de nouveaux mécanismes de résistance. Les infections bactériennes chez l’homme et l’animal doivent encore pouvoir être traitées. Le plan d’action doit servir de fil rouge afin de garantir une action continue, cohérente et extensive dans la lutte contre l’antibiorésistance.
International
L’Office International des Épizooties (OIE) vient de publier son dernier rapportconcernant l’utilisation de substances antimicrobiennes chez les animaux entre 2015 et 2017 dans le monde. C’est le deuxième à rapporter des données à une telle échelle. En effet, 155 pays de par le monde y ont participé, soit 9 de plus que lors de la précédente enquête, publiée en 2016. Le rapport met en évidence la prise de conscience au niveau mondial de l’importance du suivi des données d’utilisation des antibiotiques.En raison du grand nombre de pays participants, le rapport présente une grande variation du niveau de détail, en fonction des données disponibles dans chaque pays.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé en 2015 un nouveau Plan d’action contre les antibiorésistances au niveau mondial. Le plan décrit 5 objectifs principaux, dont le bon usage des antibiotiques en médecine vétérinaire.
Il vise par ailleurs une prise de conscience accrue de l’importance des antibiotiques, une meilleure connaissance de la problématique, à travers le monitoring de l’apparition des résistances et des recherches renforcées, l’abaissement de l’incidence des maladies par le biais de mesures sanitaires et d’hygiène et davantage de prévention.
L’OMS veut également investir dans de nouveaux médicaments, vaccins et moyens diagnostiques.
L’OMS a développé des critères permettant de classer les antibiotiques en fonction de leur importance pour la santé publique.Ce en vue d’assurer un usage avisé des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire.
L’Office International des Épizooties (OIE), l’organisation mondiale pour la santé animale, a également classé les antibiotiques vétérinaires afin de garantir leur efficacité et leur disponibilité lorsqu’aucune alternative antibactérienne n’est disponible, ou seulement de manière limitée. Ce classement doit aussi guider les vétérinaires dans leur choix thérapeutique.